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Testons nos talents en orthographe


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       Grande nouveauté cette année : notre présiden-
       te a eu l’idée de proposer à nos visiteurs une pe-
       tite mise en danger, juste pour s’amuser !
       Mais quelle dictée choisir ? La fameuse, ciselée
       par  Prosper  Mérimée,  beaucoup  la  connais-
       sent…ce  qui  n’empêche  pas  d’y  faire  et  refaire
       des fautes.

       Nous  avons  préféré  en  choisir  une  parmi  les                                   ...et les « élèves » planchent  !
       nombreux textes  peaufinés par Bernard Pivot.

       Vingt-cinq audacieux ont tenté l’aventure dans la bonne humeur :
       ils  ne  risquaient  ni  le  zéro  autrefois  redouté  des  écoliers,  ni  les
       coups de règle, ni le bonnet d’âne !                                                                   Le texte de la dictée

       Aucun d’eux n’a réussi le "sans faute", les meilleurs n’ont fait que                La longue balade des mots

       deux erreurs et sont repartis avec un exemplaire du florilège de piè-               Les mots ont la bougeotte. Seuls ou groupés, ils forcent les frontières, passent par-
       ges orthographiques de Maître Pivot.                                                dessus les vallons, les vallées et les puys, s'immiscent dans nos fourre-tout, voya-
       ce. Alors, rendez-vous dans un an ! Peut-être…                                      gent avec nos nippes et nos affûtiaux. Voudrait-on les empêcher de s'envoler tous
       Pour la prochaine édition, nous envisageons de renouveler l’exerci-
                                                                                           azimuts que cela se révélerait inopérant. Car les mots sont cachés dans notre bou-
                                                                                           che, embusqués derrière nos quenottes, notre luette ou nos amygdales. Sitôt arrivés
                                                                                           à Montréal, à Canberra ou à Kinshasa, à peine avons-nous, les uns ou les autres,
                     Le billet de Bernard Pivot                                            desserré les lèvres que les mots, pressés de s'égailler dans la nature, s'échappent
                                                                                           comme des étourneaux. Les mots sont d'infatigables globe-trotters. Ils se jouent des
                                                                                           fouilles et des censures. Les mots sont libres comme l'air.

                                                                                                                                               Fin de la dictée des juniors
                                                                                           Mais, de tout temps, les mots se sont battus pour vivre. Que de verbes et d'adjectifs,
                                                                                           frappés d'obsolescence, se sont retirés du trafic ! Que d'onomatopées se sont res-
                                                                                           semblé, concurrencées, apostrophées, nui, exclues ! Que de substantifs caducs et
                                                                                           prétentieux de petits-maîtres se sont laissé supplanter par les mots succulents des
                                                                                           rastaquouères ! Le vocabulaire détonnant et drolatique des sans-culottes a eu l'heur
                                                                                           de régénérer substantiellement la langue. Tes esbroufes d'hier, ô ma langue ! sont
                                                                                           devenues prosaïsmes rabâchés d'aujourd'hui. Que de fois t'es-tu retrouvée, ma dou-
                                                                                           ce péronnelle, ballottée au gré des modes imprévisibles ! Maintenant, tout va plus
                                                                                           vite, et les mots, eux aussi, se sont mis au prêt-à-porter, au clonage, à l'apocope
                                                                                           spontanée. "Je cause, tu causes, il cause…" La plus belle cause, c'est la langue.
                                                                                                                                              Fin de la dictée des seniors
                                                                                           NB : Pour des raisons de planning, nous n’avons proposé que la partie du texte destinée aux juniors.
                                                                                           Si nous réitérons l’an prochain, nous prévoirons un texte un peu plus long.
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