Page 11 - livret-salon2019
P. 11
Testons nos talents en orthographe
La « prof » dicte...
Grande nouveauté cette année : notre présiden-
te a eu l’idée de proposer à nos visiteurs une pe-
tite mise en danger, juste pour s’amuser !
Mais quelle dictée choisir ? La fameuse, ciselée
par Prosper Mérimée, beaucoup la connais-
sent…ce qui n’empêche pas d’y faire et refaire
des fautes.
Nous avons préféré en choisir une parmi les ...et les « élèves » planchent !
nombreux textes peaufinés par Bernard Pivot.
Vingt-cinq audacieux ont tenté l’aventure dans la bonne humeur :
ils ne risquaient ni le zéro autrefois redouté des écoliers, ni les
coups de règle, ni le bonnet d’âne ! Le texte de la dictée
Aucun d’eux n’a réussi le "sans faute", les meilleurs n’ont fait que La longue balade des mots
deux erreurs et sont repartis avec un exemplaire du florilège de piè- Les mots ont la bougeotte. Seuls ou groupés, ils forcent les frontières, passent par-
ges orthographiques de Maître Pivot. dessus les vallons, les vallées et les puys, s'immiscent dans nos fourre-tout, voya-
ce. Alors, rendez-vous dans un an ! Peut-être… gent avec nos nippes et nos affûtiaux. Voudrait-on les empêcher de s'envoler tous
Pour la prochaine édition, nous envisageons de renouveler l’exerci-
azimuts que cela se révélerait inopérant. Car les mots sont cachés dans notre bou-
che, embusqués derrière nos quenottes, notre luette ou nos amygdales. Sitôt arrivés
à Montréal, à Canberra ou à Kinshasa, à peine avons-nous, les uns ou les autres,
Le billet de Bernard Pivot desserré les lèvres que les mots, pressés de s'égailler dans la nature, s'échappent
comme des étourneaux. Les mots sont d'infatigables globe-trotters. Ils se jouent des
fouilles et des censures. Les mots sont libres comme l'air.
Fin de la dictée des juniors
Mais, de tout temps, les mots se sont battus pour vivre. Que de verbes et d'adjectifs,
frappés d'obsolescence, se sont retirés du trafic ! Que d'onomatopées se sont res-
semblé, concurrencées, apostrophées, nui, exclues ! Que de substantifs caducs et
prétentieux de petits-maîtres se sont laissé supplanter par les mots succulents des
rastaquouères ! Le vocabulaire détonnant et drolatique des sans-culottes a eu l'heur
de régénérer substantiellement la langue. Tes esbroufes d'hier, ô ma langue ! sont
devenues prosaïsmes rabâchés d'aujourd'hui. Que de fois t'es-tu retrouvée, ma dou-
ce péronnelle, ballottée au gré des modes imprévisibles ! Maintenant, tout va plus
vite, et les mots, eux aussi, se sont mis au prêt-à-porter, au clonage, à l'apocope
spontanée. "Je cause, tu causes, il cause…" La plus belle cause, c'est la langue.
Fin de la dictée des seniors
NB : Pour des raisons de planning, nous n’avons proposé que la partie du texte destinée aux juniors.
Si nous réitérons l’an prochain, nous prévoirons un texte un peu plus long.
10 11